Moi, égoïste ?

On vous dit égoïste ? Pourquoi ce reproche alors que vous passez beaucoup de temps avec d’autres gens ? Peut-être ont-ils le sentiment que vous êtes uniquement préoccupé.e par vous-même, utilisant les uns et les autres en fonction de vos propres intérêts… Au fond, peut-être avez-vous besoin de compagnie pour oublier à quel point vous vous sentez seul.e. Oui, seul, seule. Comme chacun d’entre nous. Nous sommes tous fondamentalement seuls. Mais pas nécessairement égoïstes.

Parfois, ce que certains appellent égoïsme peut cacher une difficulté à entrer en relation avec l’autre, une peur de se dévoiler, sous l’influence d’une certaine éducation… « Ne te plains pas, il y a plus malheureux que toi ! » On vous a déjà dit cela ? Ma réponse est « Et alors ? Chacun a ses problèmes. Qui es-tu pour savoir ce que je ressens et combien cela m’est douloureux ? » Vous avez le droit de vous plaindre sans pour autant être égoïste. C’est votre vie. C’est vous qui la vivez. Personne d’autre.

Je partage l’idée selon laquelle pour se sentir bien avec les autres, il est important de se sentir bien avec soi-même. Donc pour cela s’occuper de soi. Carl Gustav Jung (1875-1961) parle de chemin d’individuation pour désigner cette voie de développement de soi. Mais cela ne se confond pas avec l’individualisme. Dans son ouvrage Dialectique du Moi et de l’Inconscient, Jung écrit que l’individuation est « synonyme d’un accomplissement meilleur et plus complet des tâches collectives d’un être, une prise en considération suffisante de ses particularités permettant d’attendre de lui qu’il soit dans l’édifice social une pierre mieux appropriée et mieux insérée que si ces mêmes particularités demeuraient négligées ou opprimées. »

Etre, c’est toujours être avec. L’autre est toujours là, que ce soit en nous ou hors de nous. Aller vers soi, c’est aussi aller vers l’autre.