Psy Pute Curé – Trois pratiques de la relation intime

Publié en janvier 2023 aux éditions Pérégrines, l’essai Psy Pute Curé – Trois pratiques de la relation intime interroge l’existence de liens entre le psy, la pute (celle qui revendique d’être travailleuse du sexe) et le curé. Plus précisément, cette recherche étudie la séance, la passe et la confession, envisagés comme trois dispositifs de relation intime qui ont plus en commun qu’il n’y paraît. Pourquoi cette gêne à envisager que l’intimité puisse faire l’objet d’une expertise professionnelle, bousculant la ligne délimitant privé et public ? Mieux cerner les contours de mon métier, mais aussi bousculer des catégorisations trop peu remises en cause, voilà les principaux enjeux de ce livre.

Celui-ci a fait l’objet d’une couverture médiatique significative.

Grâce à la librairie Mollat, voici une présentation vidéo de cet essai :

Dans cette étude, j’aborde des questions telles que :
– Les cadres d’exercice, depuis les dispositifs spatiaux jusqu’aux vêtements, en passant par le rôle de l’argent ou l’importance du secret, sans oublier quelques aspects réglementaires…
– La bonne distance nécessaire pour bien travailler, les mécanismes psychologiques à l’œuvre, mais aussi les idéologies de métier et les risques socioprofessionnels (solitude, violence, épuisement).
– La formation et la place de l’initiation, y compris à travers sa dimension traumatique.
– Les compétences utilisées dans ces pratiques, et leurs modes d’acquisition et de développement.
– La position de marginalité sociale que ces trois professionnels partagent, de façon certes différente. N’est-il pas déconcertant que la Nomenclature des Activités Française de l’INSEE classe psys et putes dans une même catégorie, intitulée « Autres services personnels non classés ailleurs » ?

Cette recherche a fait émerger quelques interrogations surprenantes. Le divan est-il le chaînon manquant entre le confessionnal et le lit ? La psychanalyse naissante à la fin du XIXe siècle a-t-elle été le moyen pour les femmes de se libérer d’un carcan social et confessionnal, parfois au prix d’un diagnostic d’hystérie, là où les hommes allaient simplement aux putes ? Autrement dit, le psy a-t-il eu pour ces femmes une fonction similaire à celle de la pute pour ces hommes ? Plus largement, psy, pute et curé ont pour fonction d’accueillir, pour des raisons différentes et selon des modalités différentes, celles et ceux qui ne peuvent faire autrement que payer pour obtenir ces services, afin de décharger ce qui leur pèse tant et qu’il ne leur est pas possible de faire ailleurs. Psy, pute et curé sont-ils séparés du reste de la société en raison de cette fonction de réceptacle de ce que la société ne peut métaboliser et évacuer ailleurs ? Comment penser et vivre cette situation de marginalité, dans ces métiers engageant l’identité même de celles et ceux qui les exercent ?

Ce livre poursuit la réflexion sur le sujet de la relation intime, au cœur de la confession, la séance et la passe. Quelles en sont les dimensions, les objectifs, et les moyens ? Les trois prestations visent-elles d’abord le soulagement de l’individu ? Dans quelle mesure peuvent-elles être thérapeutiques ? Quels sont les sentiments à l’œuvre dans de telles relations ? Ne peut-on voir dans ces trois relations des mécanismes identifiés par Freud tels que le transfert ou la projection ? Enfin, je crois que la prestation relationnelle ne peut pas être de qualité si elle ne prend source dans l’amour. Mais de quel amour s’agit-il ? Rencontrer l’autre n’est-il pas toujours une prise de risque ?